Bordel de cul! (ou comment Shiroten pête un plomb)

« PUTAIN DE BORDEL DE MERDE, CA COMMENCE A ME GONFLER VOS HISTOIRES A LA CON!
- M.. Mademoiselle enfin, surveillez votre langage, je.. Je vous assure que nous faisons tout pour que votre commande arrive dans.. Les meilleurs délais mais notre caravane s’est faite attaquer… Nous pouvons vous, heu, proposer un dédommagement si cela ne…
- AH TOI LA GROGNASSE OBESE TU LA FERMES ET TU RETOURNES TE FAIRE TRONCHER PAR TON PATRON! »

La pauvre vendeuse blêmit et s’enfuit en pleurant vers la réserve tandis que Shiroten, toujours fulminante, claquait avec force la porte de la boutique et appelait Snargl, sa raie favorite, en grommelant autant d’insanités qu’elle en connaissait, s’attirant plusieurs regards choqués des passants huppés du coin.
Montant rapidement dans le ciel de Shattrath, la jeune femme fit virer sa monture vers le Nagrand.
Ce n’était décidément pas normal. Pourquoi s’énervait-elle pour un rien en ce moment? Un nouvel accès de colère la submergea et la totalité de son vocabulaire grossier y passa, en commun et en Draenei. En fait elle ne s’arrêta de jurer que lorsqu’elle atterrit enfin sur une petit parcelle de terre flottante, non loin de Telaar. Elle descendit de sa monture, qui avait l’air vaguement embêtée que sa maîtresse soit d’aussi méchante humeur.

« Vas donc bouffer deux trois bestioles, je t’appellerai au besoin… »

Une fois Snargl partie, Shiroten alla s’asseoir en face de l’arbre qui poussait là. Ou plus précisément juste en face d’une petite marque taillée à la dague dans l’écorce ; un cœur avec deux initiales. La jeune Draenei secoua la tête en repensant à ce petit geste puéril de la part de l’Elfe qui avait gravé cela.

« Puéril mais mignon, de la part d’un Elfe de plus de mille ans qui s’amourache d’une draenette de dix sept ans… Et parfaitement inutile, puisque la seule chose qui fasse vibrer ladite draenette, c’est les DEMONS! » Reprenant son souffle après son éclat de voix, la jeune femme tenta de réfléchir objectivement, chose particulièrement difficile quand on est en colère.

« Je ne suis jamais en colère… Shiroten la douce, la gentille Shiro, mais je ne suis jamais en colère, et surtout pas parce que ma nouvelle nuisette n’est pas arrivée à la date prévue! C’est ridicule… Pourquoi suis-je en colère alors? Un temps d’arrêt, elle se masse un peu les tempes et reprend à voix basse. Résumons la situation… J’ai quitté le Cercle, ai commencé à me mettre en quête d’Arry, Armenn est revenue, nous avons été bousiller l’avatar de ce truc immonde… Y a quelque chose qui s’est mal passé… Je me suis réveillée après la bagarre, pas de lésions particulières apparentes, mais plus d’Armenn non plus… Et le lien ne fonctionne plus…. Y a de quoi être secouée, mais ce n’est pas le genre de choses qui m’énerve. Alors pourquoi j’insulte tout ce qui bouge maintenant? »

La jeune femme se redressa, prit une grande inspiration et observa un temps ce qui l’entourait. La plate forme devait faire dans les cinquante mètres carrés, avec un arbre biscornu typique du Nagrand à une extrémité et parsemée d’un tapis d’herbe d’un vert profond. Il faisait beau, comme pratiquement toujours en Nagrand. Elle aimait tout particulièrement cette région, elle respirait le calme, l’équilibre. Elle lui ressemblait, avant qu’elle ne pète un plomb.
Faisant la moue, Shiroten se décida à retenter une nouvelle fois de localiser Armenn. Avec le rituel qu’elle avait fait, elle aurait du pouvoir la sentir si elle était vivante, et le rituel aurait du simplement cesser d’agir si elle était morte. Elle ferma les yeux, laissa ses sens dériver un moment pour mieux se focaliser sur ce lien qu’elle sentait toujours, mais qui ne débouchait semblait-il sur rien. Pour s’aider elle augmenta ses perceptions à ce qui entourait directement le lien, les trois énergies dont il était fait : la lumière, l’ombre et ce don si particulier que les Naarus avaient fait aux Draeneis. Se servant de cela elle suivit lentement le lien, eut l’impression de se perdre dans ses méandres et arriva enfin à l’endroit où il « finissait ». S’arrêtant un peu avant, elle inspecta les alentours ; elle étendit au maximum sa perception de ces trois éléments… Et rouvrit les yeux, complètement hébétée.

« Impossible… »

Elle avait fait une boucle. Le rituel revenait sur elle… Mais en partie seulement. Ce qui voudrait dire qu’une part d’Armenn était en elle. Ca expliquait tout de suite mieux ses récents éclats. Encore qu’Armenn, bien que de nature plutôt belliqueuse, n’était pas non plus du genre à péter une durite pour un rien.
Attrapant son sac proche, elle en sortit un morceau de gâteau qu’elle se mit à grignoter pensivement.
Une partie d’Armenn seulement… Ca n’était pas logique. Déjà parce qu’elle aurait tout simplement senti le lien en elle plutôt que se perdre dans la nature. Or là elle avait dû batailler rien que pour savoir qu’une partie revenait sur elle. Mais quoi d’autre? Qu’est-ce qui pouvait tromper son lien? Quelque chose qui appartenait à Armenn quand elle avait fait le rituel… Mais qui n’était pas naturel, pas propre à Armenn. Une possession? Un autre esprit suffisamment lié à l’humaine pour que le lien agisse en partie sur lui aussi, mais de nature assez éloignée pour qu’il ne soit pas détecté comme étant la jeune fille.

En fouinant dans ses souvenirs il semblait bien à Shiroten qu’il était déjà arrivé qu’Armenn revienne au sanctuaire dans des états pas possibles. On l’avait même une fois retrouvée inconsciente au milieu de ses ennemis… Brûlés vifs. Complètement carbonisés aurait plutôt été le mot d’ailleurs puisqu’il n’en restait que de petits tas de cendre et deux trois os qui partaient en poussière quand on les touchait.
Le rituel aurait donc agit sur Armenn et sur l’esprit qui la possédait… Lequel se trouvait à priori désormais en Shiroten… Le changement aurait pu se produire lors du combat, cela expliquerait ainsi sa perte de connaissance… Et les suivantes, car plusieurs fois depuis la draenei s’était trouvée confronté à des trous de mémoire, toujours après des éclats de colère particulièrement vifs d’ailleurs.

« Une exorciste possédée, bah bravo… »

Mais restait le problème du lien qu’elle avait avec Armenn, la vraie cette fois.
C’était comme s’il n’avait jamais existé. Quelque chose l’empêchait non seulement d’agir, mais oblitérait même toute trace de son existence passée, ce qui indiquait une sacrée puissance…

« Oh merde… SNAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGL!!! »